Eigenlijk triest dat je zijn grote belang voor Europa tot nu toe alleen op belangrijke buitenlandse sites verwoord zie: La Tribune. fr
Dépêche reçue le 31/07/05 à 19:20
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BCE: de Duisenberg à Trichet, une indépendance farouchement affirmée
Wim Duisenberg (g) et Jean-Claude Trichet, le 22 octobre 2003 à Francfort
Le Néerlandais Wim Duisenberg, décédé dimanche, a fait de la Banque centrale européenne (BCE), dont il a présidé le lancement en 1998, un institut farouchement indépendant, une posture perpétuée fidèlement par son successeur Jean-Claude Trichet.
L'institut de Francfort, bien qu'ayant à son actif un exploit inédit, le lancement sans encombre d'une nouvelle monnaie auprès de plus de 300 millions de personnes dans douze pays différents, a subi des attaques répétées dans son propre camp européen, et d'autant plus acérées que la zone euro demeurait engluée dans une croissance molle là où le reste du monde, Etats-Unis en tête, affichait de belles performances et un marché du travail dynamique.
Seule institution réellement fédérale de la zone euro, la BCE a reçu pour mission dans le cadre du Traité de Maastricht de fixer les taux d'intérêt directeurs de l'ensemble de la zone euro, en toute indépendance, en tenant compte en premier lieu des risques d'inflation.
Soucieuse de s'imposer comme un institut crédible, insensible aux pressions politiques, et de préserver sa jeune monnaie des attaques spéculatives, la BCE a dès ses débuts semblé s'arc-bouter sur son statut, prêtant ainsi le flanc à ceux qui lui reprochaient de vivre dans une tour d'ivoire, bien loin des préoccupations des citoyens.
Du point de vue des 18 banquiers d'élite qui composent son conseil des gouverneurs, la notion d'indépendance est pourtant fondamentale: c'est elle qui garantit la crédibilité de l'euro. Si bien que la BCE a parfois donné dans ses débuts l'impression de s'opposer à un mouvement de taux par principe, plus que par pure logique économique, afin de barrer la route une bonne fois pour toutes aux pressions.
Mais elles n'en auront pas moins été nombreuses: Wim Duisenberg, dans l'une de ses dernières déclarations publiques, en avril, a levé le voile sur les demandes de baisses de taux, susceptibles de donner un petit coup de fouet conjoncturel à l'économie européenne.
L'ancien ministre allemand des Finances, "(Oskar) Lafontaine, (Gerhard) Schroeder, (Silvio) Berlusconi, (Jacques) Chirac ont tenté d'influencer" les décisions de la BCE en matière de taux d'intérêt, à un moment ou un autre après le lancement de l'euro en 1999, a-t-il révélé.
"Mais cela n'a eu aucun impact. Nous les avons entendus mais pas écoutés", a-t-il ajouté.
Auprès des politiques, la posture de la BCE est parfois mal passée, d'autant qu'elle perd rarement une occasion de ressasser ses conseils de bonne gestion budgétaire aux pays non vertueux comme l'Allemagne, la France ou l'Italie.
A cet égard, le passage de témoin en novembre 2003 entre MM. Duisenberg et Trichet, au terme d'un long feuilleton politique et juridique, n'a pas changé la donne. Dès son arrivée, celui-ci a insisté sur le fait qu'il entendait promouvoir un euro "crédible" et perpétuer l'héritage de M. Duisenberg.
De fait, et malgré les appels répétés à une baisse des taux de la part de grandes institutions internationales comme le Fonds monétaire international ou l'OCDE, qui font autorité en matière de prévisions économiques, la BCE demeure inflexible. Son taux directeur n'a pas varié depuis maintenant plus de deux ans (depuis juin 2003), à 2%.
Sous la houlette de M. Trichet, la politique de communication de la BCE est devenue à la fois plus stricte et plus prévisible, alors que la présidence de M. Duisenberg avait été émaillée de plusieurs "gaffes" et incidents qui avaient parfois provoqué de violents mouvements sur les marchés de devises et nui à l'euro.