Vervolg :
Et pour votre autre programme, DEPLETHINK, qui évalue le CYAD-01 après une chimiothérapie de préconditionnement?
Cela ne veut pas dire qu’on recommence. On continue à affiner le traitement.
On avait aussi commencé sans OptimAb et on a traité, toujours en progression de doses, 9 patients. Nous sommes allés jusqu’à 300 millions de cellules et on ne voyait pas assez d’activité anticancéreuse chez ces patients. On a donc décidé, là aussi, d’améliorer DEPLETHINK grâce au processus OptimAb. On va traiter davantage de patients dans les prochains mois et on devrait également avoir des résultats probants dans les 6 à 9 mois.
Est-ce que vous ne redoutez pas de donner l’impression de recommencer à nouveau une phase I alors que vous aviez annoncé la préparation du lancement d’une phase II?
Quand on a commencé notre programme, on avait besoin d’avoir plusieurs "tirs au but", c’est-à-dire voir quelle est la modalité qui va nous amener en phase II. Les modalités que l’on a essayées jusqu’à présent ne nous permettaient pas de passer en phase II directement. C’est-à-dire que nous avons décidé que nous n’avions pas assez d’efficacité de durée de traitement dans ces cohortes-là. C’est vrai que, dans un monde idéal, on aurait préféré que notre premier tir au but fonctionne et qu’on passe directement en phase II. Mais il était aussi prévu que si le premier tir n’était pas suffisant, on passerait au deuxième ou au troisième essai. Maintenant, cela ne veut pas dire qu’on recommence. On continue à affiner le traitement avec un passage en phase II qui est presque automatique. C’est-à-dire que lorsqu’on arrive en fin de phase I, surtout dans les doses les plus importantes où l’on voit vraiment de l’efficacité, on va continuer directement en phase II, avec plus de patients soignés avec le traitement que l’on aura trouvé, mais en fixant la dose.
Tous ces ajustements ont un impact sur le calendrier de la phase II?
Oui, dans la mesure où, si le premier traitement que l’on a fait il y a deux ans avait été le bon traitement, on serait passé en phase II directement. Cela n’a pas été le cas parce que le processus (mAb) qu’on avait jusqu’à maintenant était bon, mais pas suffisant. On passe à un traitement affiné, qui devrait nous permettre d’accéder à une phase II.
Qu’en est-il du CYAD-02?
Il est possible que cela soit le CYAD-02 qui soit le plus efficace.
CYAD-02, c’est la combinaison de CYAD-01 avec une lymphodéplétion, mais aussi avec l’ajout d’une technologie de vecteur qui s’appelle le shRNA. Cette technologie va encore augmenter la puissance du traitement et permettre une meilleure persistance des cellules chez les patients. C’est un autre tir au but. On commence l’essai maintenant et on devrait avoir les premiers résultats au deuxième semestre 2020.
Pourrait-on imaginer que ce soit le CYAD-02 qui prenne le pas sur tous les traitements, puisqu’il est plus abouti?
C’est une hypothèse. Il est possible que chacun des traitements donne des résultats, mais ce serait un problème très agréable pour nous de désigner, au milieu de l’année prochaine, quel programme on fait avancer vers la phase II et la commercialisation. Là encore, cela nous donne trois manières d’arriver au but et il est possible que cela soit le CYAD-02 qui soit le plus efficace. Mais le plus important, c’est d’avoir un produit qui soit assez efficace pour traiter les patients qui en ont bien besoin aujourd’hui.
Après cette phase II annoncée, on parle directement d’être sur le marché? Pas de phase III?
Cela dépend du régulateur, qui peut vouloir une phase III ou pas. Mais comme il s’agit de patients qui n’ont pas d’autres solutions, qui sont réfractaires à tous types de traitement, l’usage veut que l’on passe à la commercialisation après la phase II. Mais on va sans doute parler de 150 à 200 patients en phase II.
Nous pensons que nous sommes réellement en tête en ce qui concerne le traitement de la LMA.
D’autres travaillent également sur la LMA. Où vous situez-vous par rapport à la concurrence?
Ce n’est pas tout à fait le même type de leucémie et nous pensons que nous sommes réellement en tête en ce qui concerne le traitement de la LMA. Les autres traitements sont souvent pour traiter des patients plus en amont, alors que nous sommes sur la LMA réfractaire/récidivante. On garde une position très concurrentielle.
Les traitements existants sont très chers et commercialisés dans les 300.000 ou 400.000 euros. On a essayé de réduire les coûts par une production en interne qui nous permet une plus grande efficacité. Mais le plus gros du coût vient de l’aspect autologue du traitement. On a donc installé deux plateformes qui vont nous permettre de passer à un traitement allogénique. Toute notre recherche d’aujourd’hui sera utile à la LMA, mais aussi pour le cancer colorectal, puisqu’on a décidé de démarrer un programme dans cette indication.
Celyad conserve beaucoup de fers au feu en matière de recherche. Mais est-ce que les investisseurs, qui attendent l’aboutissement d’un de ces programmes, ne vont-ils pas finir par s’impatienter?
Je pense que l’on s’approche réellement du but. L’année 2020 sera l’année de l’OptimAb.
Celyad est une équipe très solide sur le plan scientifique. Je pense que l’on a vécu depuis quelques mois l’impatience de bon nombre d’investisseurs qui, après plusieurs années de recherche, aimeraient voir des résultats cliniques. Je les comprends parfaitement et moi-même, en tant qu’investisseur, j’espère voir des résultats. Mais nous sommes dans un domaine extrêmement complexe, où les résultats que nous avons ne sont pas noirs ou blancs. On a besoin d’améliorer et de quelques mois supplémentaires. Ceci étant, on ne parle pas d’années et je pense qu’en milieu d’année 2020, on sera fixé avec ces trois tirs au but.
La deuxième chose que je voudrais souligner c’est que l’on sait que cela fonctionne et que l’on a une solution. Le tout, c’est qu’elle fonctionne assez bien pour qu’elle soit commercialisée et que la solution qu’on adopte soit un succès. C’est là qu’on a pris plus de temps. Je pense qu’on y sera d’ici deux trimestres. On aurait pu, certes, mieux communiquer pour gérer les attentes, mais c’est un chantier: on apprend avec chaque patient. Là, je pense que l’on s’approche réellement du but. L’année 2020 sera l’année de l’OptimAb, ce processus qui nous amènera en phase II et vers la promesse d’une commercialisation.